En route vers l’UTMB: Y en aura pas de facile!


J’ai toujours cru que le deal était : tu t’entraines plus, ça devient plus facile, tu vas plus vite…. But first, the latest trail story.

Le 60k du Ultimate XC de St-Donat sera dans quelques heures le 2e ultra de ma saison, le dernier avant l’Ultra-Trail du Mont Blanc. Le premier se déroula à Bear Mountain, NY au début mai pour le 50 Miles du North Face Endurance Challenge.

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Je n’ai malheureusement pas pris le temps de décrire cette course mais le résumé serait: des trails et des sensations fantastiques sur 50k, une descente aux enfers sur 30k. Rallier l’arrivée fût un défi en soi, après 30k au cours desquels mon pace avait augmenté de 1min par kilomètre comparativement aux 50 précédents. Surement qu’il me manquait un peu de volume pour réussir à tenir. Pas grave, il restait alors 7-8 semaines jusqu’au Ultimate XC et presque 4 mois jusqu’à l’UTMB. Petit bémol: on ne se remet pas aussi rapidement d’un défaillance sur 50 miles que sur un marathon. Il me faudra bien 2 semaines après Bear pour secouer la fatigue.

J’ai décidé d’arriver un peu fatigué à St-Donat, question de le faire comme entrainement plus que comme course. Pas de vrai taper, juste quelques entrainements raccourcis les jours avant. Je me retrouve à squatter le divan-lit offert par Sébastien St-Hilaire. Nous serons 2 à nous lever à l’aurore, Pat Godin, aussi futur participant de l’UTMB, se retrouvant dans le même condo.

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Malgré la chaleur prévue, je décide d’y aller pour une gourde à la main. J’ai tellement aimé courir sans pack à Bear et il ne semble pas y avoir plus de 10km entre chaque station à St-Donat, ce qui devrait suffire. J’ai oublié ma montre à Montréal, je devrai juger des distances au feeling.

C’est parti?

Après la typique ride de bus d’un ultra, je manque un peu le départ et je dois remonter la file dans le singletrack/doubletrack des premiers kilos. Je me retrouve tout seul assez rapidement et quelques virages plus loin un bénévole me donne 5e. Ça me semble ok. J’arrive à une première montée et je constate que mon ami et ostéopathe Scott Sternthal la marche, initiative que j’imite aussi tôt. Les sensations sont bonnes mais la course est longue et les conditions chaudes. Un jeune me rattrape en haut de la côte.

– Est-ce que tu fais souvent des courses du genre?

– De plus en plus.

– Est-ce que c’est normal de marcher les montées?

– Ça dépend de chacun. C’est mon plan pour au moins la première moitié de course.

– Ok.

Après l’avoir interrogé sur son PB de marathon, un respectable 2h52, on alternera le lead plusieurs fois: lui en montée, Scott et moi dans les descentes un peu trop techniques pour ce nouveau trailer.

Et il est parti mesdames messieurs !

Je bascule en tête au sommet du Nordet (??: km12) et Scott me passe, un arrêt vessie m’obligeant à céder le pas. C’est bon signe arrêter pisser. Scott dévale le singletrack technique avec aisance et creuse l’écart. Je le laisse aller, pensant le rattraper sur les sections de plat et de montée. Je distance à mon tour notre ami marathonien.

Un 5km plutôt plat et trippant. Et un autre. Une nouvelle station et toujours pas de nouvelles de Scott. Je croise mes premiers participants du 38k. Ça fait un peu de divertissement, n’ayant passé ou été passé par personne de ma catégorie depuis la rencontre avec Scott. Je commence à me dire qu’il est trop fort pour moi aujourd’hui. Let’s stick to the plan, go for a big training run and don’t worry about others.

Après la costaude montée de la Montagne Noire, j’arrive au point d’eau du sommet. Les bénévoles m’indiquent qu’il reste 21k, ce qui me semble être une erreur.

– Vous êtes sûrs?

– Certain c’est écrit ici. Tu peux faire un autre tour si tu veux !

Un peu confus, j’entame la descente comme un gars qui va encore bien et à qui il ne reste que 21k. Quelques kilomètres plus loin, une pancarte me ramène à la réalité: 33k to go. Ça fait plus de sens.

C’est ici que les choses se compliquent. Une des stations indiquées sur la carte ne comporte aucun ravitaillement, un détail que je déduirai après 10k sans eau avec des longues sections à découvert sous un soleil de plomb. Ouche. Ma tête essaie de diminuer l’impact de mon erreur pendant que mes yeux cherchent un ruisseau et que mes mains chassent des moustiques gros comme mon pouce. Ça fait plus d’une heure que je n’ai rien bu, j’ai la tête qui tourne un peu. De longues sections de chemins forestiers sans agrément. Quand on rentre sous le couvert des bois, je suis trop obsédé par mon manque d’eau pour profiter de la trail.

J’arrive finalement à la station suivante (Intercentre) et je remplis rapidement ma gourde. On m’indique qu’il reste 17k, 4k jusqu’à la prochaine station incluant la fameuse section du Vietnam. Je commence à sentir des débuts de crampes, ma hantise à chaque course. L’histoire de Bear Mountain semble se répéter, à quelques km près.

Les conditions sèches rendent la Vietnam probablement beaucoup moins pénible que les années précédentes. J’y croise Sébastien et Mélanie avec de la bouette jusqu’à la taille. Je leur soustrais un gel et je replonge dans ma bulle. Nous remontons ensuite au milieu d’une rivière et je constate que je suis un peu moins solide que je voudrais sur mes pattes. L’ombre fait du bien, l’eau fraiche encore plus et j’y remplis ma bouteille déjà vide.

La Côte de l’Enfer, la bitch des Laurentides

Je suis en mode « Let’s just make it to the finish line » quand j’arrive devant la Côte de l’Enfer, peuplé d’environ 30-40 participants du 38k. La pente et le terrain ne permettent qu’un seul mode: la marche mode légionnaire sous un soleil caniculaire. Sans virer dans le mélodrame, c’est honnêtement la plus pénible montée que j’ai vue cette année. Impossible de nier le coup de chaleur qui m’étourdit, ni le baume morale procuré par le dépassement de tous ces participants du 38km. Après la bascule au sommet, il ne reste qu’une descente et 7-8km pour rallier l’arrivée.

Mais alors que j’espère me reposer en laissant mes jambes aller en descente, on m’offre plutôt une descente ultra -technique et abrupte en zig-zig dans cette montagne de ski. Le genre de trail que j’adore avec des jambes fraiches. Vous avouez que j’ai marché des sections de cette descente ne devrait laisser aucun doute sur ma condition à ce moment.

Au ravito du bas, on m’apprend qu’il ne reste plus de coke ou gatorade. Juste de l’eau. De l’eau… à 8k de l’arrivée. Je philosophe aujourd’hui que si seulement je courais plus vite, je pourrais profiter d’un peu de sucre en fin de course.

Les derniers kms sont aussi pénibles pour moi que ceux de Bear Mountain. J’arrête parfois pour marcher quelques pas. La pancarte du 2.5km me convainc de terminer le Ultimate XC comme un homme, à la course. Ce que je ferai jusqu’à une mini bosse à 500m de l’arrivée où  je me remets à marcher. Le costaud participant du 38k que je viens de dépasser m’interpelle  :

– Let’s go, t’es presque arrivé ! Cours !

Ce coup de pied au cul bien mérité me catapulte jusqu’à l’arche d’arrivée où je décorerai mon visage d’un sourire que ma blonde et mes amis interprèterons comme un signe d’aisance. Un vrai pro des apparences. Je m’écroule à l’ombre, légèrement halluciné et abasourdi par la quantité de monde. Ma blonde a choisi la bonne course pour venir me voir finir un ultra pour la 1re fois.

Un podium impromptu

Constater que je n’ai pas progressé depuis Bear Mountain, malgré un volume légèrement accru, est un peu dur. Après une trempette divine dans le lac, je suis sur le bord de partir lorsque Florent et Gary m’annoncent que je suis 3e. « Impossible, Scott était devant moi! » J’apprendrai plus tard que Scott a manqué un virage et finalement abandonné après 45k. J’aurais préféré finir 5e à 30 minutes du premier que 3e à 1h10 de Gary, mais bon, ça mérite quand même un Chablis d’après-course !

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Après avoir analysé la course, comparé des notes d’entrainement avec d’autres, la seule conclusion à laquelle j’arrive est la suivante. Pour terminer un ultra de 60k et plus au niveau qu’y m’intéresse, un volume de plus de 115k par semaine me sera nécessaire. La vitesse est bonne mais je suis incapable de garder ce niveau jusqu’à la fin. À moins que ce soit plus de tempo…

Il me reste 8 semaines jusqu’à l’UTMB. J’ai couru 140km cette semaine. Let’s do this!

Note: Si vous voulez poursuivre votre lecture avec l’ultime récit de rédemption du trail running, lisez celui-ci de la légende, Matt Carpenter.

Comments
  1. Julie Cloutier

    Lâches pas Phil, oublies pas ce que tu nous a dit lors de l’inauguration du Club de Trail de Montréal. Que le plus dur est d’arriver à la ligne pour prendre le départ. DOnc objectif bien entraîné et zéro blessure.

  2. Frederic gauthier

    Mon chum Phil, tes récits son si bien décrits et expliqués que j’ai l’impression d’y être avec toi, et qu’après cette lecture j’en avais également mal aux jambes. Toutes ces expériences ne font que te rendre plus fort mentalement et physiquement, et te rapproche de ton objectif de l’UTMB. Félicitation mon cher, tu m’impressionner a toujours.

    Note à moi même: toujours avoir du Gatorade ou du coke dans mon fridg au cas ou tu passes à la course dans le coin! Lol

    Fred Gauthier

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