Entrevue Avec David Jeker, la barbe rousse du trail québécois


David Jeker est entré telle une fusée sur la scène du trail quebeco-canadien il y a 2 ans en remportant entre autre le North Face 50 Ontario. Né en Suisse, il est arrivé au Québec a l’âge de 3 ans et il a grandi à St-Barthélemy dans Lanaudière. Agé de 28 ans, il étudie présentement en Suisse où il en profite pour … courir. Il revient du Hong Kong 100 où il a bien performé et se prépare pour l’UTMB et les les championnats du monde de trail.

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J’ai voulu savoir pourquoi il court (des fois) plus vite que moi alors qu’il se prépare à prendre le départ du Transgrancanaria.

Comment a commencé la course en sentiers pour toi?

J’ai commencé à courir pour garder la forme durant un stage en Suède à l’été 2011. J’y ai fait mon premier marathon. Comme je faisais déjà du vélo, le triathlon me semblait une suite logique… J’ai découvert la course en sentier au moment où j’en avais marre de l’aspect matériel du triathlon. J’ai tout de suite adoré et décidé d’abandonner le triathlon.

Que devrait-on faire pour encourager le développement des jeunes coureurs de trail au Québec?

Leur donner les moyens d’aller faire des courses de haut niveau à l’étranger. Pour ça, il faudrait peut-être que les compagnies qui offrent du support s’en tiennent aux athlètes qui aspirent à performer au plus haut niveau plutôt qu’à des gens en manque d’attention qui ont souvent déjà les moyens de financer leur passion…

Je lisais que tu avais essayé une nouvelle stratégie de course à Hong Kong (départ plus modéré) et que tu penses revenir à la précédente (à fond). Comment peux-tu être convaincu que tu ne serais pas parti trop vite et qu’au final ton résultat aurait été meilleur à Hong Kong?

Un départ plus rapide à Hong Kong m’aurait au moins permis de terminer la course avec le sentiment d’avoir tenté le coup. Le résultat final aurait pu être moins bon, mais l’expérience aurait probablement été bien meilleure! Je cours pour vivre des émotions et non pour les résultats. Mes courses favorites ne sont pas celles où j’ai bien fait, mais celles où j’ai surmonté des moments difficiles.

Quelles sont tes forces en course à pied?

Je crois être plus fort quand c’est roulant. Je suis un coureur plus économique que puissant comme en témoigne ma grande cadence (près de 200 pas par minute sur marathon!). Ma meilleure performance en ultra est, selon moi, ma 14e position au North Face 50 en 2014 et c’est probablement à cause du parcours qui m’allait plutôt bien.

Est-ce que tu choisis la même stratégie indépendamment du profil de la course ou tu t’ajustes si la course correspond (ou pas) à tes forces?

J’essaie généralement de faire la course selon mes sensations. J’aime partir vite et je ne me gêne pas pour prendre la tête, mais je sais aussi laisser aller quand il le faut… Bref, je fais ma propre course sans trop porter attention à ce que fond les autres. Le profil de la course n’a donc pas vraiment d’incidence sur ma stratégie.

A-t-on des chances de te croiser sur une course sur route en 2016?

Oui, à condition de venir courir en Suisse… J’aimerais améliorer mon record sur marathon ce printemps, probablement à Zurich. Le concept du Wings for Life World Run m’intéresse aussi. Ce serait ma première course sur route de plus de 42 km et si les sensations y sont bonnes, je n’exclus pas un 100 km sur route en 2016.

Quel est ton lieu d’entraînement #1?

Présentement, je profite de mon séjour en Suisse pour m’entraîner dans les Alpes. Plutôt dans la vallée en ce moment à cause de la neige en altitude. J’envisage passer l’été en altitude pour préparer l’UTMB. Le camping Arolla à près de 2000 mètre d’altitude sera probablement mon camp de base pour l’été!

L’endroit où tu rêves d’aller courir?

Dans les San Juan au Colorado.

Ta trail préférée dans le monde…

Trop difficile d’en choisir juste une… Celles qui me viennent en tête sont celles où j’ai partagé de bons moments avec des amis. La traversé présidentielle dans les Whites Mountains, les sentiers autour de Zermatt, le tour du Mont Blanc…

Ça fait quelques saisons que tu fais du trail. Quelles seraient pour toi les 3 plus importantes leçons d’entraînement que tu en as tirées?

1) Être patient dans la progression.

2) Ajuster la charge d’entraînement en fonction des sensations plutôt qu’essayer d’atteindre certains totaux hebdomadaires ou autres chiffres sans valeurs. Les seules données qui ont une importance à mes yeux sont celles issues de l’analyse de la variabilité de ma fréquence cardiaque de repos.

3) Mieux vaut s’adapter aux conditions d’entraînement que nous offre notre environnement que chercher à tout prix la spécificité.

Analyse de la variabilité de ma fréquence cardiaque?

C’est la variabilité de la fréquence cardiaque de repos, mesurée au réveil. Ce n’est donc pas le nombre de battement minutes, mais la variabilité dans la durée de chacun des battements… Une analyse de cette variabilité me permet de déterminer si je suis fatigué et si c’est le cas de quel type de fatigue il s’agit.

Ton workout préféré?

Mon entraînement favori: le fartlek pyramidal. 5′ d’effort/ 5′ de récup / 4’/4’/3’/3’/2’/2’/1’/1′ le tout 2 ou 3 fois. Les fractions plus courtes se font plus vite. Un entraînement passe partout que j’aime faire en sentier dans n’importe quelles conditions.

J’aime aussi les répétitions de 1000m sur piste avec un repos d’une minute et trente secondes… Un classique pour tester la forme.

Bonne saison David et bon succès!

 

Comments
  1. Jean-Bernard

    J’aimerais avoir plus d’infos sur les battements cardiaques au repos comme indicateur de fatigue?
    Merci

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