Mon UTMB 2014
warning: i talk about myself over 3700 words.
Je prépare ce moment depuis mon premier visionnement du vidéo de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, il y a 22 mois. Le défi de courir sur un parcours aussi majestueux que gargantuesque, dans la région montagnarde la plus influente au monde, m’a séduit instantanément.
Vendredi 16h20. Une centaine de coureurs est déjà assise sur le parvis de l’église en attente du départ. Vu les 2300 participants, on m’a conseillé de m’y installer tôt pour éviter la cohue du départ. Je repère 4 pieds carrés de libres et m’y assois avec mon sac entre les jambes. J’échange quelques mots avec mes voisins et tente de relaxer la boule de nervosité que je suis avant une course. Quelques grains de pluie incitent les plus nerveux à enfiler leur imperméable. Je jauge le ciel vers l’ouest au-dessus des Houches et décide de passer mon tour. Je l’enfilerai quelques minutes plus tard comme le reste des participants pour éviter de me refroidir trop tôt pour finalement l’enlever une fois l’averse passée. Ces décisions anodines sur les vêtements et la distribution de ma nourriture et de mon matériel dans mon sac sont mes préoccupations principales avant le départ.
L’annonceur présente un à un les élites faisant leur entrée dans le corral qui leur est réservé. On annonce le départ dans quelques minutes et la traditionnelle bande sonore du départ démarre: Vangelis – Conquest of Paradise.
Le départ est donné et après quelques mètres de piétinement, nous nous mettons à traverser Chamonix à la course sous la clameur d’une foule impressionnante et admirative. Je réussis à repérer ma copine à travers la foule quelque 300 mètres plus loin et je souris pour la caméra.
Je prends un rythme très relaxe, mais mes pulsations cardiaques restent un peu élevées. J’ai remarqué durant ma semaine à Chamonix qu’à effort égal, mes pulsations sont environ de 5 battements plus hauts qu’à Montréal, sans doute dû à l’altitude. Le goudron fait place à un chemin forestier assez large et vallonné. Ma préoccupation principale pour l’instant est d’éviter de m’accrocher les pieds avec un autre participant et de ne pas forcer le rythme. On passe déjà à la marche pour certaines courtes bosses.
300-400 personnes me devancent alors que nous passons le premier ravito des Houches à 8km du départ. J’y bois un verre d’eau rapidement et continue mon chemin vers la première montée de l’UTMB. La foule est plus locale et énergisante ici. Elle encercle complètement le chemin pavé qui se met rapidement à monter en zigzag vers la station de ski. J’attrape mes bâtons derrière mon dos, les déplie, passe à la marche et trouve un rythme ponctué de relances sur les sections moins prononcées. Le goudron fait place à la terre et la pluie reprend un peu. La valse d’hésitations, d’évaluations et d’imitations des autres coureurs redémarre. Je reste en camisole, préférant attendre la descente sur St-Gervais pour revêtir une dernière fois mon Innov-8 Race Shell. Familles de la montagne et troupeaux de vaches à grosses cloches nous encouragent en alternance, un “pattern” qui se répétera dans la nuit jusqu’à Courmayeur.
La descente vers St-Gervais est un premier choc. L’angle des pistes de ski gazonnées et boueuses que nous dévalons en envoie plus d’un sur le cul et annonce aux quadriceps que leur ménagement sera le plus grand défi de cette course. La surface confirme le choix adéquat des Xt-Wings 6 Softground pour la course. Les rares coureurs en Sense S-Lab patinent comme Elvis Stojko.
La nuit tombe alors qu’on entre dans le village des Contamines, hôte du premier ravito majeur. Il y aura 5 ravitos de ce type au cours de la course où une personne est autorisée à nous rejoindre sous une grande tente avec un sac de 30 litres. Mes parents et ma blonde se sont préalablement séparés la tâche et c’est ma mère qui m’attend avec un sac vers 21h20 après 31km. Je descends deux bouteilles de repas liquide, remplis mes deux gourdes, m’assois une minute, change mon “wristband” complètement détrempé et repars sous un fin grain, toujours sans manteau. Les manchons suffisent pour l’instant. Les spectateurs se font plus rares alors qu’on sort du village mais leur présence sous la pluie et les lumières des lampadaires est appréciée une dernière fois avant la plus difficile section de l’UTMB.
Je rejoins Rachel Paquette dans les dernières lumières du jour en montant vers La Balme. On échange quelques mots sur la descente de St-Gervais, le kilométrage et on se souhaite bonne chance. Je me sens fort et apprécie la double poussée de mes bâtons neufs au maximum. Je vérifie (trop) régulièrement mes pulsations cardiaques pour ne pas trop m’énerver alors que je double un nombre croissant de coureurs. Une dernière famille nous accueille et nous chante leurs encouragements devant leur fermette dont les fenêtres éclairent la nuit sombre. Un peu plus haut, je remplis une bouteille au petit ravito de La Balme, enfile un Coke et repars sans perdre les places acquises en montant.
La suite de la montée vers le col du Bonhomme se laisse maintenant deviner par les quelques frontales zigzaguant au-dessus de nous. Je fais quelques mètres à reculons pour apprécier la myriade de lumières qui s’est formée derrière nous et me remets à la tâche alors que la pente s’accentue à nouveau. Le sentier pentu a été ravagé par les pluies. Il se redresse parfois pour nous laisser courir un peu avant de se raidir à nouveau. Les dépassements se font beaucoup moins fréquents et j’ai l’impression d’avoir trouvé ma place.
Je tire un petit groupe de 3-4 coureurs alors qu’on bascule rapidement au sommet vers minuit. La pluie s’est arrêtée et je remonte mes manchons pour entamer la descente vers Chapieux dans une brume épaisse. J’ai l’impression d’avoir un bon rythme quoique prudent vu la brume trop épaisse pour ma Petzl Tikka XP. Je regrette un instant de ne pas avoir une frontale plus forte alors qu’une fille me dépasse avec un Petzl Nao dont le faisceau serait assez fort pour éclairer une piste d’atterrissage. Une deuxième fille, puis une troisième, me dépassent dans ce début de descente technique. J’embarque dans le train et les rattrape une par une alors que nous passons sous la brume et que je me mets à y voir plus clair.
Un rapide ravito à Chapieux au milieu de nulle part et je repars sur une pente mi-goudronnée assez large, alternant course et marche le plus efficacement possible. La montée et la descente précédentes me confirment que je suis en bonne forme et que le moral est bon. Bref, j’ai du fun!
J’essaie de ne pas trop m’exciter alors que nous n’avons que 50km de parcourus mais le feeling est bon et je répète le manège de montée contrôlée, mais efficace, alors que je rattrape une trentaine de coureurs et coureuses en grimpant vers le col de la Seigne. Mon seul regret est de traverser ces cols magnifiques en pleine nuit. Le firmament étoilé compense un peu.
La descente suivante se fait bien et permet de laisser aller les jambes dans le bas de la pente vers le lac Combal (de jour sur la photo). Nous sommes dans une grande plaine alpine permettant de courir du plat sur plus de 400m pour la première fois depuis les Contamines.
L’arête du Mont-Favre, la dernière bosse avant la longue descente vers Courmayeur est avalée et oubliée rapidement alors que l’esprit commence à envisager un premier véritable arrêt aux puits dans la station italienne. Alors que les premiers 4km de descente ressemblent aux deux descentes précédentes, les quatre derniers sont sans l’ombre d’un doute une des difficultés majeures du parcours. Les quads travaillent non-stop pour se freiner et éviter de basculer dans le vide au détour des dizaines de lacets de cette section.
Les lumières de Courmayeur semblent toujours aussi distantes à chaque fois où le sentier me permet de relever la tête. 40 minutes pour descendre 4km sans se faire doubler une fois, c’est du jamais vu. Avec le recul, c’est peut-être un endroit clé où j’aurais dû utiliser avec un peu plus de parcimonie. L’arrivée au Centre sportif de Courmayeur est électrisante. La musique, la foule, le présentateur qui annonce ton nom et ton rang. On me donne mon drop-bag, puis passe devant le iPhone de Mélanie et m’engouffre dans le centre où m’attend mon père.
Il est difficile de décrire à quel point ce moment de détente sur une chaise est savoureux, autant physiquement que mentalement. Je me débarbouille un peu, avale puddings et repas liquide, un morceau de saucisson pour me changer la bouche, fais une “grosse commission”, change mon Buff pour un sec, complète un break toilette et repars en moins de 15 minutes.
– « Philippe! », me crie mon père, mes bâtons négligemment oubliés à la main.
Je repasse devant Mélanie que j’embrasse au passage… ce qui me vaut les cris de la foule ! I feel like a hero ! Je suis dans les 150 premiers et gonflé à bloc. Je me cherche un peu dans le dédale des rues en sortant de Courmayeur alors que l’aube me permet enfin de ranger ma frontale. Je rattrape et discute avec un Français qui en est à son 5e UTMB. Il me dit avoir passé 30 minutes à Courmayeur et je regrette un peu mon départ précipité, alors que je constate l’impact de la dernière descente sur mes jambes.
Je le laisse aller alors que la route nous mène au départ du sentier montant au refuge Bertone. Il n’y a plus de doute, je suis plus fatigué que je le voudrais. J’essaie de relaxer en montant à mon rythme, me disant que le parcours s’aplatit ensuite pour ce qui est considéré comme l’une des plus belles sections de la course. Le jour se lève de l’autre côté de la vallée à notre gauche sur la face italienne des Grandes Jorasses. La beauté du paysage et des couleurs du petit matin me font apprécier le moment. Je m’assois un instant pour me reprendre au refuge Bertone, mais je sais que les prochains kilomètres seront difficiles. Je blâme intérieurement la descente vers Courmayeur et regrette ne pas avoir fait plus de descentes raides en entraînement.
Je tente tant bien que mal de me distraire en admirant les premiers rayons de soleil rougeoyants, les neiges éternelles des Grandes Jorasses. J’alterne course et marche sur un singletrack que je pourrais courir en bas de 6min du kilomètre en temps normal. Je me laisse rattraper sans combativité par quelques coureurs. Le sentier descend dans le creux de la vallée que l’on suit depuis Courmayeur vers le ravito d’Arnuva. Le moral n’y est plus et je fais ce que j’ai à faire avant de repartir un peu hébété. Ma mémoire me joue un tour et lorsque la montée vers le grand col Ferret débute, je suis convaincu que c’est la première de deux avant Fouly et Champex, accentuant mon découragement. Ma montre m’indique qu’il est 9h du matin. Je cours depuis 15h et 30 minutes. C’est résigné que je me laisse à penser que je ne rallierai peut-être pas Champex.
900 mètres de dénivelé alpin nous contemplent avec condescendance. Impossible de nier la magnitude de la tâche dans un paysage sans arbres. Pas de cachette, pas de surprise. Je peux voir quelques coureurs au-dessus de moi jusqu’à les perdre dans les nuages. Je me dis que si je dois abandonner, j’aurais mieux fait de le faire à Arnuva. Une fois en haut du col, je n’aurai plus le choix de redescendre. Quoique un hélicoptère soit prêt à toute éventualité, ça prend plus qu’un coup de fatigue pour accéder à du secours aéroporté à 2500m d’altitude.
Je suis à plat. Je ne peux pas croire que je manque d’entraînement. Peut-être que je n’ai juste pas l’étoffe pour ce type de course. Après tout, j’habite à Montréal et je travaille dans un bureau. J’ai un peu de talent à la course, mais définitivement rien d’exceptionnel. Était-ce simplement présomptueux de ma part de vouloir courir à mon rythme à ma première participation à l’UTMB? Aurais-je dû me retenir et viser 36h et non 30h? Ma tête est plombée par les doutes et l’acceptation de mon échec. La monté de 4km est interminable: 1h30 de galère. Au moins, il y a le paysage…
Deux minuscules abris temporaires de 20 pieds carrés décorés de murs de plastique transparent couronnent le col et abritent une équipe médicale. Je m’y assiérais bien un instant pour me reposer à l’abri du vent qui souffle sur le col, mais ce n’est pas permis. Je m’assois donc discrètement sur les roches entre les deux pour reprendre mon souffle et me préparer à descendre. Un officiel m’interpelle et me dit que je dois descendre tout de suite, sans quoi je vais geler. Il me dit que le vent ne souffle pas 500 mètres plus bas du côté suisse et que ce sera un meilleur endroit pour m’arrêter. Je m’entête stupidement un instant avant de me rendre à l’évidence: I need to move.
La descente n’est pas trop difficile et se déroule bien malgré le manque d’entrain initial. Moins d’un kilomètre plus bas, deux Français sont couchés sur le dos et je les rejoins sans hésiter pour une pause de 5 minutes agrémentée des vomissements de l’un deux. Je lui apprends qu’il a trop mangé de sucre et qu’il doit changer sa diète. L’autre Français et moi trouvons un bon rythme de descente et perdons rapidement notre 3e homme. C’est une descente de 11km sur 1h20 vers La Fouly au milieu des alpages et de la forêt alpine. Le moral revient alors que je gruge quelques places de plus et m’amuse comme un fou. La journée est magnifique. Le soleil de 11h brille dans un ciel bleu. Est-ce que le pire est passé?
Un rapide arrêt à La Fouly et j’apprends qu’il n’y a plus que 10km de faux-plats descendants et 4km de montée vers Champex où m’attendent mon père et ma blonde. Je suis confus alors que je croyais devoir affronter un col de plus avant Champex. C’est donc gonflé à bloc que je repars au devant d’une troupe de 3-4 coureurs vers Champex. Je mène le groupe avec Wes, un Américain de Colorado Springs. J’essaie de laisser la gravité faire un maximum de travail et en profite pour boire et manger vu la difficulté moindre du terrain. Après cet agréable intermède, les 4km pour remonter à Champex sont difficiles et interminables. La chaleur du jour fait maintenant son effet. Il est 13h et je cours depuis 19h et 30 minutes. Pourtant, je me sens assez bien, surtout comparé à l’enfer vécu entre Aranuva et le col Ferret.
Les clameurs de mon père me tirent du cynisme dans lequel les derniers 800m de montée m’ont plongé alors que j’arrive à Champex avec Wes. Ma blonde m’attend sous la tente avec mon sac. Je change de camisole, de souliers et je lui expose brièvement la galère depuis Courmayeur en ingurgitant des bols de soupe. Je suis tenté de m’étendre sur un banc un instant, mais je ne veux pas laisser Wes repartir sans moi. Je le surveille de loin et je reprends la route après 15 minutes. Je suis dans les temps pour terminer en 30 heures.
Le parcours contourne le superbe Lac Vert de cette station alpine. Je marche d’abord puis me remets à trotter lorsque Wes me rejoint. Après 500m, je comprends que je ne pourrai pas le suivre plus loin et devrai me résigner à ralentir le rythme. On croise Dakota Jones qui sort de nulle part en sens inverse et échange deux mots avec Wes. J’assume qu’il a abandonné la course et revient vers une station précédente. J’apprendrai après la course que l’UTMB aura encore été rude pour une majorité de coureurs élites américains. Je regrette encore une fois de plus de ne pas m’être arrêté plus longtemps à Champex.
Nous sommes sur un chemin forestier double qui monte tranquillement en sinuant dans une forêt peu dense. Je cherche un coin d’herbe sur le côté où je pourrais m’étendre un instant. Lorsque je le trouve, je transforme mon sac en oreiller, abaisse la visière sur mes yeux, règle l’alarme de mon iPhone pour 15 minutes et m’allonge au soleil. J’entends des petits groupes passer et s’enquérir de mon état. Je leur réponds par un pouce levé. Je me relève au bout de 10 minutes et joins un groupe de deux hommes et une femme d’une quarantaine d’années que je croise aux ravitos depuis le col du Bonhomme. Le rythme plus lent me convient pour l’instant et je poursuis la montée vers la Giète. Au cours de la montée, nous croisons un Anglais couché en position fœtale qui semble prendre un repos comme celui que je viens de m’accorder. Il nous indique qu’il va bien et nous poursuivons notre chemin. Quelques 500m avant de basculer dans la descente pour Trient, l’Espagnol du groupe et moi-même nous accordons tacitement un break de dix minutes dans le gazon. La vue sur la vallée suisse de Trient est à couper le souffle et prendre le temps de l’apprécier est un investissement tout aussi valable que recharger nos batteries avant la descente de 5km nous menant 600m plus bas.
Les descentes sont de moins en moins endurables. Alors qu’en montée, il suffit habituellement de prendre un repos de 15 à 30 secondes pour redémarrer, ce type de pause ne donne à peu près rien en descente. Au mieux d’éviter une erreur, mais certainement pas de se refaire les quadriceps pour encaisser un peu plus. La seule chose sur laquelle je peux me concentrer est de bien respirer pour amener un flot maximal d’oxygène à mes muscles épuisés. Quand un effort devient difficile, comme sur un sprint court par exemple, on semble avoir une tendance naturelle à bloquer sa respiration. Organisez un sprint de 50m pour des enfants et regardez-les retenir leur souffle durant le sprint !
À me concentrer à bien respirer, je finis par débouler dans le petit village de Trient quelques mètres derrière Francisco. Il est déjà entendu que nous allons en profiter pour nous étendre un instant. Après avoir choisi de remettre les souliers du départ et avaler tout ce qui entre encore, je le rejoins à l’infirmerie où des matelas de gymnase sont disposés sur le sol derrière un rideau. On règle nos alarmes pour repartir 30 minutes plus tard.
À l’abri du soleil, je me mets à greloter instantanément. Ma blonde m’amène du linge sec et c’est avec le gilet orange du Club de Trail Montréal et un Icebreaker long que je repars vers les hauteurs de Trient. Dès que la pente du sentier s’accentue vertigineusement une fois de plus, Francisco prend les commandes d’un pas lent mais steady. “Tranquilo”, il me dit, sans se retourner.
Je lui collerai aux semelles jusqu’à la barrière de bétail indiquant le début de la descente, 826m plus haut et 4km plus loin. Le sentier s’aplatit et est d’une qualité renversante: singletrack dans l’alpin à travers les troupeaux de vaches avec la lointaine Vallorcine en contre-bas. Mais je n’y suis plus.
Descendre me demande un effort surhumain et une concentration sans faille. La moindre distraction et je dois m’arrêter pour me reprendre. Je laisse Francisco aller et je me laisse rattraper par des coureurs qui semblent avoir 10km sous la semelle !
Plus l’on descend vers Vallorcine, plus la pente et sa difficulté s’accentuent. Je ressors ma frontale en atteignant le couvert de la forêt et rejoins l’Anglais qui gisait plus tôt en bordure de sentier.
À chaque fois que j’arrive à distinguer Vallorcine à travers la forêt, elle semble toujours aussi loin. Chaque pas devient un effort herculéen et toute notion de plaisir a complètement disparu. Je titube une fois ou deux et dois m’arrêter pour me ressaisir. C’est 900m de dénivelé que l’on déboule sur 5km. Je sers carrément les dents lorsque l’Anglais et moi nous extirpons finalement de la forêt pour atteindre Vallorcine où ma blonde et mon père m’attendent.
Je demande où est l’infirmerie. Pas question de repartir sans m’étendre au moins quelques minutes. Je suis complètement brisé : j’ai dû perdre 30 minutes sur Francisco en moins de 4km. C’est brutal, très brutal.
Je crois que 30 minutes après m’être étendu sur le lit de camp, il était clair que je ne repartirais plus…Pourtant, il me faudra près de 3h pour me l’avouer et signifier mon abandon officiellement à l’infirmerie de Vallorcine à 19km de l’arrivée. Une heure plus tôt, je m’étais levé pour aller aux toilettes et mes jambes maintenant tétanisées étaient comme deux blocs de ciment posés sur des pieds gonflés d’ampoules et de coupures. Je suis hors course après 150km en 27h 45 minutes. I am such a puss!
C’est donc en autobus que je regagnerai finalement Chamonix.
Voir des coureurs terminer la course alors que nous regagnons notre condo est douloureux, mais moins que ne le sont mes pieds et mes jambes à ce moment-là. J’aurai plusieurs séries de doutes sur la nécessité et la sagesse de mon abandon au cours des jours suivants.
La vérité est que je suis fier de la course que j’ai faite, et cette course s’est terminée à Vallorcine. J’aurais pu courir plus safe, mais ça ne m’intéresse pas. J’ai essayé et je suis arrivé un peu court. Mais quelle aventure! Épique est le seul adjectif approprié pour qualifier ce type de course.
Si vous vous êtes rendu à lire jusqu’ici, j’espère vous en avoir fait vivre une partie. Si cela peut inspirer une personne à se lancer un défi sportif de plus, qu’elle qu’il soit, mon travail est fait. Si vous avez envie de visualiser le parcours, je vous suggère très fortement l’excellente simulation Google Earth.
Un gros félicitations à Pat Godin, Laurent Jugant et Frédéric Berg pour avoir terminer cette course mythique.
Finalement je voudrais remercier ma blonde Mélanie et ma famille pour le support durant la course mais aussi pour m’endurer et endurer mon temps en trail toute l’année. Mes collègues à Datacratic pour la flexibilité d’horaire et le support, toute la gang du Club de Trail Montréal : Lawrence, Gauthier, Thibaut, Lucille, Alex, Richard, Marc-Antoine, Simon et les autres, un merci spécial à Tony et Tyno pour le camp de base à St-Achillée et un gros merci à tous ceux qui m’ont suivi et encouragé en ligne. Enfin, un gros merci à Joan Roch et sa copine pour la correction. Merci.
Je ne sais pas encore qu’elle sera la prochaine course. J’ai quelques trucs à améliorer avec un autre 100 miles. But I’ll be back 😉
Waow ! Superbe Phil ! Même si ton « fil d’arrivée » n’était pas l’officiel et que ça doit quand même être frustrant quelque part, tu nous a tenu en haleine un bon moment ! Une très belle inspiration !
Encore bravo !!!
« The only good pace is suicide pace, and today’s a good day to die »
Gros merci de nous avoir fait vivre cet aventure
Très bonne lecture! Inspirant et félicitations pour ce que tu as accompli… Parfois, il faut accepter de na pas se rendre au bout lorsqu’on se fixe des objectifs ambitieux… Tu prends l’expérience, en sors le positif et devient plus fort! Next time!
Bravo, très beau récit! Merci de partager ces moments avec autant de détails.
Le moral est là, c’est ce qu’il faut pour rebondir.
Récit inspirant, informatif et énergisant! J’aurais pu prendre un autre 3700 mots. Bravo pour cette course et tout ce que tu as mis en oeuvre pour la réaliser! Tu as de quoi être fier! Merci pour ton texte!
Mon cher Philippe,
Nous sommes vraiment très impressionnés par ton exploit..même si tu n’as pas terminé, la distance parcourue et l’effort requis sont hors du commun.
Bravo et Félicitations,
Michel et Hélène
PHil, cela a été super excitant de te suivre! Tu nous as fait vivre une course mythique et nous t’en sommes reconnaissants. C’est les larmes aux yeux que j’ai fini la lecture de ton récit! Xxxxx
Phil,
Un récit inspirant, captivant . Bravo pour ton exploit et toute la préparation que ça a nécessité . J’ai eu le motton en te lisant. Good Job Bro!
Merci d’avoir pris le temps de partager avec nous cette magnifique aventure. Tout y est: l’assiduité des entraînements, le physique, la souffrance, le doute, le plaisir, l’esprit sportif, la famille, les amis et la sagesse. Vraiment inspirant! Bravo!
Félicitation, durant me lecture de ton article, j’ai pensé, wow quel gros gros bagage d’expérience tu es allé chercher là ! Au final, même si ta crourse c’est terminée avant le fil d’arrivée tu va avoir tellement appris, tu n’en sera que plus redoutable !
J’ai adoré lire ton texte. Il y a des superbes photos en plus.
Repose-toi comme faut et reviens en force!
P.S. Je suis un coureur débutant et je trouve ce genre de texte très inspirant!
Merci pour ce récit motivant et félicitations pour cette belle course!! Bravo!!
bravo phi j’ai pleure les émotions à fleur de peau tu as une belle plume vraiment…..